Très chère Nurith,

Nous avons été bouleversés, Leigh et moi, par ‘Yiddish’.
C’est un de tes meilleurs films, et je ne suis pas surpris de l’accueil enthousiaste dont on a vu les échos dans la presse.

J’aime bien les solutions que tu as trouvé pour la lecture des poèmes. C’est souvent une lecture ‘en biais’, aux angles artificiels mais qui, dans leur simple juxtaposition, une langue s’adressant à l’oreille, et l’autre au regard, c’est parfaitement convaincant.
Tu as aussi une version où le texte apparaît à l’écran en anglais ? J’aime les constructions bilingues.

Merci infiniment pour le lien, et le mot de passe, le Shibboleth qui nous a permis de voir ce beau film en dépit du confinement.
Mon attachement au Yiddish vient de loin. Dans les années 90, j’avais contacté le centre Yiddish à Paris, avec l’idée de prendre des cours. J’ai ensuite hélas été distrait, et je le regrette aujourd’hui.

J’ai tout de même réalisé un petit livre, très bref, intitulé YIDDISH. On ne peut pas plus bref. Le titre sur la couverture est le seul mot. A l’intérieur, une photo occupe la double page: la cour, une vue de chez nous, quand on habitait rue Vieille du Temple, dans le Marais. En été, avec les fenêtres ouvertes, on entendait du Yiddish qui montait vers nous. Une voix féminine. On ne voyait jamais la vieille dame qui parlait au téléphone ou engueulait son fils. Une voix qui résonne en silence dans une cour. C’est mon livre. Je te le montrerai quand tu viendras à Berlin.

On t’embrasse,

Laurent
und Leigh

PS: Leigh a beaucoup aimé la musique des voix à la fin du film. Moi aussi.